Jean-Marc BERTHOUD*
La critique textuelle est une question qui est bien trop souvent passée
sous silence dans les milieux évangéliques et réformés confessants.
D’une manière générale, la critique textuelle – ce que le jargon
exégétique allemand appelle la «basse critique» pour la distinguer de la
prétendue «haute critique» qui œuvre, depuis belle lurette, à la
déconstruction du texte de la Bible – est assez bien reçue dans les
milieux qui restent attachés à l’inspiration, à l’infaillibilité et à
l’autorité de la Bible.
En gros, la haute critique avec sa recherche de sources, ses hypothèses
sur la datation des livres bibliques, sur les diverses théologies des
évangélistes, de Paul, de Jean, de Pierre, ses spéculations sur la forme
des textes, etc., est encore considérée avec une assez grande méfiance.
Ce n’est pas le cas pour la basse critique (ou la critique textuelle),
dont les présupposés ont été adoptés pour l’établissement du texte grec à
la base de la plupart de nos traductions de la Bible. Ainsi, bien des
passages de nos Bibles figurent entre crochets carrés, et les notes qui
accompagnent ces crochets sont truffées d’indications selon lesquelles
tel ou tel passage ne se trouverait pas dans «les plus anciens
manuscrits», ou encore qu’il ne figurerait pas dans «les meilleurs
manuscrits»
.
Le lecteur qui, frappé par de telles indications, voudrait en savoir
davantage, reste sur sa faim. Pourquoi, peut-il se demander, un
manuscrit «ancien» en majuscules grecques (IV
e siècle) serait-il nécessairement «meilleur» qu’un manuscrit «nouveau» écrit en minuscules (IX
e siècle). Une Bible des Témoins de Jéhovah du début de XX
e
siècle serait-elle nécessairement «meilleure» qu’une Bible à la Colombe
de la fin de ce siècle? Le critère du temps serait-il absolu? Sur la
base de quels critères de telles remarques sont-elles faites?
+
+ +
La première méthode d’établissement du texte du Nouveau Testament a,
dans sa phase moderne, pris un essor à partir de la publication du
Nouveau Testament grec par Erasme en 1516 à Bâle et, presque
simultanément en Espagne, par une équipe de biblistes sous la direction
du Cardinal Ximenes. Les deux textes, établis à partir de manuscrits
grecs du Nouveau Testament, provenaient de ce que nous appelons
aujourd’hui la tradition «Byzantine». La seconde, qu’on appelle
couramment «éclectique», a pris son envol principal à partir de la
découverte par Tischendorf, en 1859, d’un texte très ancien du Nouveau
Testament dans un monastère orthodoxe au pied du Mont Sinaï. Cette
découverte fut confortée par la mise en lumière, à la même époque, d’un
manuscrit de type semblable – le Vaticanus – lui aussi issu de la
tradition «alexandrine» des manuscrits du Nouveau Testament. Cette
dernière tient depuis lors le haut du pavé dans les milieux académiques;
tandis que la première y est aujourd’hui presque totalement méconnue,
même dans les milieux réformés et évangéliques qui se veulent fidèles à
l’inspiration et à l’autorité de la Bible:
«On peut même dire que la critique textuelle moderne du Nouveau
Testament est fondée sur une conviction fondamentale que le vrai texte
du Nouveau Testament ne se trouve en tout cas pas dans la majorité des
manuscrits. […] Ce rejet du texte traditionnel, c’est-à-dire du texte
préservé et transmis par les Eglises, n’est pas le sujet de discussions
orales ni de débats écrits, c’est un fait accompli. […] Une
investigation critique des raisons pour un tel rejet du texte byzantin
rencontre rapidement la difficulté que ce rejet est accepté au XX
e siècle comme un fait mais n’est aucunement défendu, n’étant pas une proposition susceptible d’être discutée.»
Signalons d’abord, très brièvement, quelques erreurs de fait dans la
position soutenue par les partisans de la critique textuelle
.
– Il est faux d’affirmer que l’on commence aujourd’hui «depuis peu» à
s’intéresser aux citations bibliques chez les Pères ainsi qu’aux
lectionnaires (recueils de textes liturgiques tirés du Nouveau
Testament). Il n’est que de constater les recherches impressionnantes
dans ce domaine du plus grand adversaire au XIX
e siècle de la
nouvelle critique textuelle du Nouveau Testament, John William Burgon
(1813-1888). Burgon – à l’encontre de ses collègues éclectiques, les
Tischendorf, Westcott et Hort et leurs nombreux disciples qui se
rabattaient essentiellement sur les textes de base de la tradition
Alexandrine, (le Sinaïticus et le Vaticanus) – faisait un usage
systématique de tous les documents à sa disposition, ce qui incluait les
citations bibliques des Pères ainsi que les lectionnaires. C’est sa
connaissance exemplaire de ce dernier domaine qui lui a permis de donner
une explication au fait que le texte de la femme prise en flagrant
délit d’adultère (Jean 7: 53-8:11) ne figure pas dans certains
manuscrits anciens de l’évangile de Jean. Comme Burgon l’a admirablement
démontré dans son étude «Pericope de adultera»
,
la raison essentielle de l’absence de ce passage dans certains
manuscrits se trouve dans le fait qu’il provenait de lectionnaires
liturgiques (choix de textes bibliques destinés à êtres lus pendant le
culte) et non du texte suivi de l’évangile de Jean. Précisons-le, les
problèmes auxquels nous nous adressons ici ne concernent en fait que
certains manuscrits défectueux du Nouveau Testament qui, par contraste
avec la Tanak juive (l’Ancien Testament des chrétiens) dont le texte fut
remarquablement préservé par la tradition massorétique, connaissent un
nombre impressionnant de variantes.
Ceci nous amène à un deuxième point. Il est erroné de faire une
opposition dialectique entre le camp «scientifique» – celui des
partisans de la méthode éclectique – au camp des «fondamentalistes», les
adhérents dogmatiques du texte reçu, ecclésiastique ou traditionnel du
Nouveau Testament. Mais la difficulté est que cette opposition
scientifique-fondamentaliste est tout simplement fausse. En réalité, il a
existé (et il existe toujours) deux écoles de critique textuelle du
Nouveau Testament, toutes deux ayant des prétentions strictement
«scientifiques», mais dont les principes méthodologiques sont
fondamentalement différents.
La suite de nos remarques sera essentiellement consacrée à une brève tentative de combler ce silence sur la méthodologie.
+
+ +
i) Ceux qui sont pour la «nouvelle critique
textuelle» nous parlent, d’abord, de la tradition scientifique de
l’étude du Nouveau Testament, accusée de pratiquer une espèce de
«terrorisme intellectuel» par sa prétention à aboutir à des conclusions
intellectuellement contraignantes. Il s’agit ici de la méthode dite
éclectique. Car nous avons affaire à un assemblage de divers textes
établis en théorie sans
a priori doctrinal et provenant d’une
variété de manuscrits mis sur pied d’égalité et dont la lecture correcte
serait choisie par les critiques selon certaines règles dans le dessein
de tenter de reconstituer le texte original (considéré comme perdu) du
Nouveau Testament. Les grandes figures de cette tradition qui, sur le
plan textuel met le Nouveau Testament sur le même plan que n’importe
quel autre livre humain, sont Lachmann, Tischendorf, Tregelles, Wescott,
Hort, Nestle, Aland, Metzger, etc.
Pour cette tradition, il ne saurait, en aucun cas, être question
d’affirmer que le Saint-Esprit aurait pu objectivement œuvrer dans
l’histoire en vue de la préservation du texte du Nouveau Testament et le
protéger ainsi des défaillances humaines des copistes et de la
malveillance des ennemis de la foi. Cette méthode, aujourd’hui partout
dominante, se rapporte manifestement à la tradition de l’esprit des
Lumières du XVIII
e siècle, celle d’une modernité aux tendances résolument naturalistes, réductionnistes et scientistes.
ii) L’autre tradition, affublée du titre de
«fondamentalisme rationaliste», a elle aussi des prétentions à être
parfaitement scientifique. Seulement, elle affirme, sur la base des
enseignements de la Bible, que le texte du Nouveau Testament, par son
inspiration divine et son infaillibilité, possède un caractère qui lui
est propre. Ce fait nécessite, pour son étude, l’utilisation d’une
méthode appropriée au statut épistémologique exceptionnel de ce livre
dont Dieu serait à la fois l’Auteur et le Conservateur. Sur ce point, on
ne saurait mieux faire que citer les remarques éclairantes d’un des
principaux protagonistes de cette méthode scientifique fondée sur des
présupposés bibliques, Edward F. Hills. C’est un spécialiste de l’étude
textuelle du Nouveau Testament formé au Wesminster Theological Seminary
sous John Murray, Edward J. Young et Cornelius Van Til et, par la suite,
aux Universités de Yale et de Harvard. Voici ce qu’il écrit:
«Ainsi il y a deux méthodes de critique textuelle du Nouveau Testament,
une méthode chrétienne conséquente et une méthode naturaliste. Ces deux
méthodes traitent des mêmes matériaux, des mêmes manuscrits grecs et
des mêmes traductions de citations bibliques, mais ils interprètent ces
matériaux différemment. Les méthodes chrétiennes conséquentes
interprètent les matériaux de la critique textuelle du Nouveau Testament
en fonction des doctrines de l’inspiration divine et de la préservation
providentielle des Ecritures. La méthode naturaliste interprète ces
mêmes matériaux en fonction de sa propre doctrine selon laquelle le
Nouveau Testament n’est rien d’autre qu’un livre humain.»
Et Hills ajoute,
«Il est triste de constater que les savants modernes qui ont des
convictions bibliques n’ont manifesté que peu d’intérêt pour l’idée
d’une critique textuelle du Nouveau Testament systématiquement
chrétienne. Pour plus d’un siècle, la plupart se sont contentés de
suivre dans ce domaine les méthodes naturalistes de Tischendorf,
Tregelles, et de Westcott et Hort [avec comme conséquence que] les
principes et les méthodes de la critique textuelle naturaliste du
Nouveau Testament se sont répandus dans tous les domaines de la pensée
chrétienne produisant à la longue une véritable famine spirituelle.»
Les travaux de Hills ne sont que l’aboutissement au XX
e
siècle d’une tradition plus ancienne d’étude des textes manuscrits du
Nouveau Testament à la fois rigoureusement scientifique et
méthodologiquement fondée sur des présupposés chrétiens. Cette tradition
était dite ecclésiastique, car elle avait comme base les textes reçus
comme faisant autorité dans l’Eglise grecque d’Orient. Ce fut la
tradition utilisée par le Cardinal Ximenes de l’école espagnole, par
Erasme de Rotterdam, par Robert Estienne, par Théodore de Bèze, par les
Elzevirs hollandais (qui ont fixé le
Textus receptus), de John Owen
et de David Martin. Disons, en passant, que la Bible de David Martin
,
récemment rééditée au Texas, est un des rares textes de la Bible
française, aujourd’hui disponible en librairie, qui nous donne une
traduction en fonction du texte Ecclésiastique (ou Byzantin) du Nouveau
Testament. Cette anomalie n’existe ni pour l’anglais (la version King
James), ni pour l’allemand (la Bible de Luther), ni même pour l’espagnol
(la Bible Reina-Valera), toutes couramment disponibles en versions
modernisées.
Cette tradition textuelle «ecclésiastique» fut reprise au XIX
e siècle, particulièrement en Angleterre, puis au XX
e
des savants américains en prirent la relève. Parmi les figures
éminentes de cette école peu connue de critique textuelle du Nouveau
Testament, citons les noms suivants: John William Burgon
, T. R. Birks
, E. Miller
, F. H. A. Scrivener
au XIX
e siècle; puis au XX
e, nous trouvons Edward F. Hills
, Wilbur N. Pickering
et Theodore P. Letis
, et enfin, Jakob van Bruggen, professeur de Nouveau Testament au Collège Théologique Réformé de Kampen aux Pays-Bas
.
Le texte traditionnel grec du Nouveau Testament est aujourd’hui à
nouveau disponible en librairie dans l’édition établie par les soins de
Zane Hodges et de A. Forstad
.
La position textuelle traditionnelle ou ecclésiastique défendue par
cette école peut se targuer d’avoir pour base de sa démarche, non
seulement une analyse scrupuleusement scientifique des textes, mais
également des positions confessionnelles réformées classiques. C’est
ainsi que dans
La confession de foi de Westminster, traitant de L’Ecriture Sainte, nous lisons:
«L’Ancien Testament – en hébreu (langue maternelle de l’ancien peuple
de Dieu) et le Nouveau Testament en grec (langue la plus répandue parmi
les Nations à l’époque de sa rédaction), directement inspirés par Dieu
et gardés purs, au long des siècles, par sa providence et ses soins
particuliers, sont authentiques.»
(I.8)
Et dans la dernière des Déclarations confessionnelles réformées, le
Consensus helvétique de 1675 nous pouvons lire au Canon I:
«Dieu, dont la bonté et la grandeur sont infinis, a non seulement fait
rédiger par écrit par Moïse, par les prophètes et par les apôtres, la
Parole qui est la puissance à tout croyant, mais il a encore, jusqu’à
cette heure, veillé continuellement avec une affection paternelle sur ce
Livre pour empêcher qu’il ne fut pas corrompu par les ruses de Satan,
ou par quelque artifice des hommes. L’Eglise reconnaît donc avec
beaucoup de raison que c’est à une grâce et une faveur de Dieu toute
particulière, qu’elle est redevable de ce qu’elle a et de ce quelle aura
jusqu’à la fin du monde. La parole des prophètes renferme les Saintes
Lettres, dont un seul point et un seul iota ne passera point, non pas
même quand les cieux et la terre passeront.»
+
+ +
i) Les problèmes textuels que nous posent un
certain nombre (moins de 20%) des manuscrits ne concernent pas du tout
le texte Massorétique de l’Ancien Testament, car les scribes de la
Synagogue exerçaient une discipline sévère sur le travail de copie des
manuscrits de la Tanak.
ii) L’immense majorité – de 80 à 90% des
manuscrits du Nouveau Testament actuellement disponibles, les minuscules
de la tradition ecclésiastique de l’Eglise grecque d’Orient – sont pour
l’essentiel unanimes. Wilbur Pickering écrit:
«L’argument tiré de la probabilité statistique revient ici avec une
force irréfutable. Non seulement les manuscrits connus nous présentent
un texte qui jouit d’une majorité allant de 80-90%, mais les 10-20% des
manuscrits restants ne représentent pas un texte concurrent unique. Les
manuscrits minoritaires sont autant (sinon plus) en désaccord les uns
avec les autres qu’ils le sont avec le texte majoritaire. […] Pour
prendre un cas spécifique, dans I Timothée 3:16 plus de 300 manuscrits
grecs lisent «Dieu» tandis que seulement 11 ont une autre lecture. Sur
ces 11, deux ont une lecture particulière, deux ont une troisième
lecture et les sept autres sont d’accord pour lire «qui». Ainsi nous
devons juger entre 97% et 2%, entre «Dieu» et «qui». Il est difficile
d’imaginer une quelconque série de circonstances dans l’histoire de la
transmission des manuscrits qui aurait pu produire un renversement aussi
cataclysmique des probabilités nécessaire à l’imposition de «qui» comme
lecture correcte.»
iii) La méthode éclectique de recherche
d’établissement du texte du Nouveau Testament se trouve aujourd’hui dans
une impasse. Plus personne dans ces milieux ne considère que, par les
méthodes à présent presque universellement admises dans les milieux
académiques, il puisse encore être possible d’espérer découvrir un texte
véritablement authentique du Nouveau Testament. C’est cet état
d’incertitude méthodologique que décrit le professeur Jakob van Bruggen
en évoquant la situation impossible dans laquelle se trouvent les
éditeurs du texte du Nouveau Testament
:
«Cela signifie à nouveau que l’accord s’est fait autour d’un texte de
type consensuel qui est fondé sur un principe d’incertitude. Cette fois
on n’a pas établi le texte du Nouveau Testament sur une moyenne tirée à
partir de trois éditons différentes du texte, comme cela avait été le
cas pour les plus anciennes versions du Nestle, mais on a maintenant
établi une moyenne entre les opinions de cinq critiques du texte. Aland,
Black, Martini, Metzger et Wikgren qui ont ensemble travaillé à fixer
le texte du Nouveau Testament grec par voie majoritaire. Il ressort
clairement du Commentaire Textuel écrit par Metzger pour ce texte que de
nombreuses lectures ont été uniquement choisies par le comité à la
majorité des voix. Qu’ils ne soient pas parvenus à l’établissement
unanime d’un texte déterminé n’est en soi guère surprenant. Car à
présent il n’existe aucune certitude quant à l’histoire de la tradition
textuelle. […] L’accord ainsi publiquement fixé concernant l’édition du
texte à utiliser ne fait que masquer l’incertitude qui a régné pendant
tout le processus d’établissement du texte .»
iv) L’ancienneté d’un manuscrit ne garantit
pas nécessairement sa qualité ni son authenticité. Comme nous l’avons
déjà indiqué les manuscrits majuscules, le
Vaticanus et le
Sinaiticus du IV
e
siècle ne sont pas, par le seul fait de leur ancienneté, nécessairement
de bons textes du Nouveau Testament. C’est également le cas pour les
nombreux papyrus découverts dans les sables d’Egypte au cours du XX
e
siècle qui, pour la plupart, sont des copies très défectueuses de
passages du Nouveau Testament. Il se peut fort bien que la préservation
étonnante du
Sinaiticus et du
Vaticanus soit, en fait,
due à ce qu’ils n’ont jamais été utilisés dans la liturgie de l’Eglise à
cause de leur caractère peu fiable. C’est, par exemple, ce qui pourrait
se passer pour une Bible des Témoins de Jéhovah dans une famille
chrétienne. Elle n’aurait pas subi l’usure que connaîtrait une Bible
plus orthodoxe du fait de son utilisation quotidienne pour le culte de
famille.
v) Par contre, la nouvelle critique textuelle
pose très explicitement (et très justement) la question suivante:
Est-il possible d’exclure la foi de la recherche scientifique? La
tradition d’étude prétendument scientifique du texte du Nouveau
Testament qui va de Lachmann et de Tischendorf, en passant par Westcott
et Hort, jusqu’à Nestle et Aland (ici le nom prestigieux de Warfield
doit être ajouté
)
affirme, dans la perspective totalement immanente de la modernité, que
l’établissement du texte authentique du Nouveau Testament peut, en
effet, se passer de la foi du savant, comme si ce texte ne provenait pas
du fait de l’action révélatrice de Dieu lui-même, action surnaturelle
qui fait partie de la nature même de l’objet étudié. C’est ainsi que
cette tradition méthodologiquement incrédule affirme que le texte des
Ecritures n’a aucunement eu besoin, pour sa préservation contre les
attaques du diable et des effets destructeurs de la malice des hommes,
de l’action du Saint-Esprit.
Tout au contraire, la tradition véritablement scientifique de l’étude
des manuscrits du Nouveau Testament tient compte de la nature
surnaturelle de l’objet de ses recherches. On a vu comment la tradition
textuelle de l’Eglise ancienne, ressuscitée lors de la Réformation du
XVI
e siècle, et reprise par les Burgon, Scrivener, Hills, Pickering et Hodges des XIX
e et XX
e
siècles, respecte, dans son étude scientifique du texte sacré, la
manière surnaturelle merveilleuse par laquelle le Dieu Souverain a
préservé, et préservera encore, contre les assauts d’une fausse science
qui ne sait mettre Dieu dans ses pensées.
Terminons par une question. A quoi pourrait donc servir la doctrine de
l’inspiration, l’infaillibilité et l’inerrance divines de la Bible si le
texte qui se trouve entre nos mains ne se trouvait pas être entièrement
digne de notre foi?
+
+ +
Contrairement aux doutes que pourraient susciter en nous une science
incrédule qui cherche à se passer de Dieu, même quand elle étudie son
Saint Livre, on peut paisiblement affirmer que ce Livre est bel et bien
pleinement digne de foi. Car Dieu a veillé avec tant de soin sur la
transmission à travers les âges du texte de sa Parole écrite que, malgré
les falsifications de ceux qui s’établissent eux-mêmes, à la place du
Saint-Esprit, comme juges de ce qui est de Dieu et de ce qui ne l’est
pas, nous pouvons, encore aujourd’hui, malgré le magma des éditions sans
nombre de Bibles fondées sur des textes partiellement falsifiés, encore
retrouver des traductions de la Sainte Ecriture en français qui ne
trahissent pas le texte de la Parole de Dieu donnée aux hommes une fois
pour toutes afin que, par son témoignage infaillible, ils puissent
véritablement connaître avec exactitude la pensée de Dieu
, à savoir les Bibles Martin
, Ostervald
et celle de la Trinitarian Bible Society
.