dimanche 30 janvier 2011

1 CORINTHIENS 1.18-31

Le sermon sur la montagne (Carl Heinrich Bloch)




Sophonie 2.3, 3.12-13/Matthieu 5.1-12



La prédication de la mort du Christ sur une croix est une folie aux yeux de ceux qui se perdent. Mais pour nous qui sommes *sauvés, elle est la puissance même de Dieu.19 N'est-il pas écrit:Je détruirai la sagesse des sages et je réduirai à néant l'intelligence des intelligents?

20 Où est le sage? Où est le *spécialiste de la Loi? Où est le raisonneur de ce monde? Dieu n'a-t-il pas changé en folie la sagesse du monde?
21 En effet, là où la sagesse divine s'est manifestée, le monde n'a pas reconnu Dieu par le moyen de la sagesse. C'est pourquoi Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient, par un message qui paraît annoncer une folie.
22 Oui, tandis que, d'un côté, les *Juifs réclament des signes miraculeux et que, de l'autre, les Grecs recherchent «la sagesse»,23 nous, nous prêchons un Christ mis en croix. Les Juifs crient au scandale. Les Grecs, à l'absurdité.
24 Mais pour tous ceux que Dieu a appelés, qu'ils soient Juifs ou Grecs, ce Christ que nous prêchons manifeste la puissance et la sagesse de Dieu.25 Car cette «folie» de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes, cette «faiblesse» de Dieu est plus forte que la force des hommes.

26 Considérez donc votre situation, frères: qui êtes-vous, vous que Dieu a appelés à lui? On ne trouve parmi vous que peu de sages selon les critères humains, peu de personnalités influentes, peu de membres de la haute société!27 Non! Dieu a choisi ce que le monde considère comme une folie pour confondre les «sages», et il a choisi ce qui est faible pour couvrir de honte les puissants.
28 Dieu a porté son choix sur ce qui n'a aucune noblesse et que le monde méprise, sur ce qui est considéré comme insignifiant, pour réduire à néant ce que le monde estime important.

29 Ainsi, aucune créature ne pourra se vanter devant Dieu.

30 Par lui, vous êtes unis au Christ, qui est devenu pour nous cette sagesse qui vient de Dieu: en Christ, en effet, se trouvent pour nous l'acquittement, la *purification et la libération du péché.31 Et il en est ainsi pour que soit respecté ce commandement de l'Ecriture:
Si quelqu'un veut éprouver de la fierté,
qu'il place sa fierté dans le Seigneur.



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Vous vous souvenez que cette saison de l'Epiphanie débute par le récit de la visite des mages à Bethléem. Notre texte dans Matthieu 2 nous précise que c’est à Bethléhem que des mages– ou des hommes sages, originaires de l’Orient1 – ont vu s’arrêter une étoile dans le ciel, qui les avait guidés pendant tout leur trajet. Ces hommes avaient fait leur voyage pour une seule raison, et c’était pour rendre hommage à Jésus, le roi des Juifs, le Messie.

Et remarquez qu’en arrivant à Bethléhem, ces savants, ces hommes sages, ont adoré Jésus avec joie. Ceci peut nous paraître surprenant, puisque les mages n’étaient pas Juifs : pourtant, ils sont entrés dans la maison où se trouvaient Marie et son Fils et ils sont tombés à genoux pour lui rendre hommage. Ils lui ont offert des cadeaux très précieux : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Les mages n’avaient qu’un seul objectif, et c’était d’adorer Jésus ; de le vénérer ; de l’honorer par des cadeaux d’une très grande valeur. Jésus était le centre de toute leur attention.

Mais laissons Bethléhem pour un petit moment, et allons vers Corinthe. Nous ne sommes plus en Judée ; nous nous trouvons en Grèce. A l’époque de l’apôtre Paul, Corinthe était déjà une grande ville, bâtie sur une bande de terre entre la mer Egée et la mer ionienne à l’ouest. La population de Corinthe était estimée à 250.000 habitants libres et à 400.000 esclaves. Corinthe était une puissance maritime ; son port était le plus grand port du monde grec classique. Corinthe était aussi une ville industrielle, réputée pour son industrie de luxe : elle produisait des textiles, des meubles, des bronzes et surtout des céramiques. Corinthe était un point de rencontre entre l’Occident et l’Orient. C’était une cité opulente.

Donc ce n’est pas étonnant d’apprendre que Corinthe – ce croisement fréquenté par des commerçants et des voyageurs de toutes nationalités – était aussi un lieu d’échange de cultures et d’enseignement. Les gens qui venaient à Corinthe et qui y habitaient s’intéressaient énormément à l’érudition et à la philosophie. Ils pensaient, comme leurs concitoyens dans d’autres grandes villes grecques, que la philosophie aidait l’homme à se fortifier sur le plan physique, moral et spirituel. Et lié à cet intérêt dans la philosophie était la recherche de la sagesse. Les Grecs étaient connus pour leur exaltation de la sagesse. Souvent, à Corinthe comme ailleurs, on entendait des intellectuels, des professeurs et des philosophes répéter la maxime : « Celui qui est sage, est roi ».

C’est dans ce contexte que l’apôtre Paul écrivait son texte sur « la sagesse des hommes et la folie de Dieu » à l’église de Corinthe (1 Corinthiens 1. 18 – 31). Dans ce passage, nous apprenons que la sagesse du monde n’est pas le moyen choisi par Dieu pour le connaître ; et nous apprenons que les systèmes de pensée et les philosophies du monde ne sont pas, eux non plus, porteurs d’un concept juste de Dieu et de sa révélation.

Regardons notre texte ensemble. Nous lisons :
« En effet, la prédication de la mort du Christ sur une croix est une folie aux yeux de ceux qui se perdent. Mais pour nous qui sommes sauvés, elle la puissance même de Dieu » (1. 18) ; et
« Dieu n’a-t-il pas changé en folie la sagesse du monde ? » (1. 20) ; et
« En effet, là où la sagesse divine s’est manifestée, le monde n’a pas reconnu Dieu par le moyen de la sagesse. C’est pourquoi Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient, par un message qui paraît annoncer une folie » (1. 21).

Nous pouvons bien nous demander, « c’est quoi cette folie de Dieu ? » Tout simplement, la « mort du Christ sur une croix » ; « un Christ mis en croix » (1. 18, 23). Par la mort de Jésus sur la croix, chose incroyable et improbable, Dieu a choisi de sauver l’humanité.

Effectivement, aux yeux du monde :
ce n’est pas « raisonnable » de penser que Dieu enverrait le Messie à être né dans une mangeoire située dans une étable à côté d’une auberge ;
ce n’est pas « raisonnable » de penser que la mère du Messie serait une jeune vierge, fiancée mais pas encore mariée ;
ce n’est pas « raisonnable » de penser qu’un petit enfant, vulnérable et élevé dans une famille modeste et sans prétentions, serait celui qui deviendrait le roi des Juifs ; et surtout
ce n’est pas « raisonnable » de penser que le roi des Juifs, voire le Messie du monde, mourrait cloué à une croix, « pendu au gibet » (Galates 3. 13 – 14.) et que ce serait le moyen unique choisi par Dieu pour sauver le monde.

Non, la « folie » de Dieu, c’est-à-dire sa volonté de racheter les péchés de l’humanité par la mort de son Fils sur la croix, n’est ni jugé raisonnable, ni compréhensible par le monde.

Mais notre texte nous incite à aller plus loin. Nous avons bien parlé de la soi-disant « folie » de Dieu, mais où se trouve donc la sagesse de Dieu ?

Nous trouvons notre réponse aux versets 24 et 30. Paul écrit : « …ce Christ que nous prêchons manifeste la puissance et la sagesse de Dieu » ; et ensuite, « Par (Dieu), vous êtes unis au Christ, qui est devenu pour nous cette sagesse qui vient de Dieu. » Dans l’épitre aux Colossiens, Paul écrit encore qu’ « en (Christ) se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance ».

Dieu, qui est sagesse même, et dont les pensées ne sont pas les nôtres , a choisi avant le commencement du monde de mettre la plénitude de sa sagesse en Jésus ; et Dieu, dont les voies ne sont pas les nôtres Galates 3. 13 – 14. , a aussi choisi avant la création de notre Terre, d’utiliser Jésus pour accomplir notre salut.

Si nous lisons tout le verset 30 du premier chapitre de Corinthiens, nous apprenons que pas seulement Christ est devenu pour nous cette sagesse qui vient de Dieu ; mais qu’ « en Christ, en effet, se trouvent pour nous l’acquittement, la purification et la libération du péché ».

Le texte français de notre Bible a perdu un peu les nuances du texte d’origine, car la phrase du verset 30 était écrit expressément pour montrer que l’acquittement, la purification et la libération du péché sont les résultats directs, et découlent directement, de la sagesse de Dieu – cette sagesse qui est pleinement incarnée en Jésus-Christ ; cette sagesse qui a prévu la mort de Jésus sur la croix pour le salut de toute l’humanité.

Or ce serait peut-être plus intéressant de faire un autre schéma, un schéma qui représente la croix sur laquelle Jésus est mort, et dans lequel nous mettrions les mots « sagesse », « acquittement », « purification » et « libération du péché » aux bouts de chaque planche de la croix .

Pourquoi cela ? Parce que dans la sagesse de Dieu, dans la sagesse du Christ, la croix est centrale. Elle est le symbole même de la « folie » de Dieu aux yeux du monde et de ceux qui se perdent ; mais elle est le symbole même de la sagesse de Dieu pour ceux – pour nous ! – qui sommes sauvés. Cette croix – qui nous rappelle sans ménagement le sacrifice de notre Seigneur – est la « puissance même de Dieu » (1. 18).

Nous aurions tort si nous oublions que dans sa sagesse, sa grâce et son amour, notre Dieu nous a appelés à lui-même. Il nous a appelés, individuellement et personnellement, à comprendre la « folie de Dieu » et de répondre au message de la croix. Comme notre texte nous l’assure au verset 24 : « Mais pour tous ceux que Dieu a appelés, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Christ que nous prêchons manifeste la puissance et la sagesse de Dieu » ; et encore au verset 26 : nous sommes « (ceux) que Dieu a appelés à lui ».

Notre Dieu est le Seigneur qui appelle son peuple. Lui, qui a appelé des gens comme Lazare de la mort à la vie (Jean 11. 1 – 44) ; lui, qui a appelé la lumière à briller du sein des ténèbres (2 Corinthiens 4. 6) ; et lui, qui appelle encore à l’existence ce qui n’existe pas (Romains 4. 6) – il nous appelle à nouveau ce matin.
Au début de ce message, j’avais annoncé que nous allions visiter trois villes. En effet, nous nous sommes retrouvés à Bethléhem, ensuite à Corinthe, et maintenant…à Prailles, Deux-Sèvres.

Nous qui nous trouvons ce matin à Prailles avons été appelés par notre Dieu à reconnaître sa sagesse, qui est tout à fait différent de la sagesse à laquelle nous pouvons prétendre nous-mêmes. C’est pour cela qu’à la fin du premier chapitre de la lettre aux Corinthiens, Paul écrit : « Si quelqu’un veut éprouver de la fierté, qu’il place sa fierté dans le Seigneur » (1. 31).

Oui, Dieu nous appelle à faire comme les mages qui se sont rendus à Bethléhem ; à voir que la plénitude de la sagesse divine est manifestée en Jésus-Christ, son Fils ; à l’adorer et à l’honorer parce qu’il est le roi des Juifs et le Messie du monde ; à louer notre Dieu qui, dans sa sagesse, a planifié le sacrifice de Jésus sur la croix pour accomplir le salut de l’humanité.

Dans la lettre aux Galates, Paul a écrit : « En ce qui me concerne, je ne veux à aucun prix placer ma fierté ailleurs que dans la mort de notre Seigneur Jésus-Christ sur la croix. Par elle, en effet, le monde du péché a été crucifié pour moi, de même que moi je l’ai été pour ce monde » (6. 14).

Tout en admettant la futilité de notre propre sagesse, venons à Jésus ce soir et contemplons à nouveau ce qu’il est – la sagesse de Dieu – et ce qu’il a fait pour nous sur la croix. Adorons-le ; et apportons-lui le plus précieux cadeau que nous puissions lui offrir : l’offrande et le sacrifice de nous-mêmes.

samedi 22 janvier 2011

PSAUME 27

Le Roi David , (toile d'Eugène Ristau)


De David.
L'Eternel est ma lumière et mon salut: de qui aurais-je peur? L'Eternel est le soutien de ma vie: qui devrais-je redouter? 2 Quand des méchants s'avancent contre moi pour faire de moi leur proie, ce sont eux, mes persécuteurs et mes ennemis, qui trébuchent et tombent.
3 Si une armée prend position contre moi, mon coeur n'éprouve aucune crainte. Si une guerre s'élève contre moi, je reste malgré cela plein de confiance.
4 Je demande à l'Eternel une chose, que je désire ardemment: je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Eternel, pour contempler la beauté de l'Eternel et pour admirer son temple, 5 car il me protégera dans son tabernacle, le jour du malheur, il me cachera sous l'abri de sa tente, il m'élèvera sur un rocher.
6 Déjà ma tête se dresse au-dessus des ennemis qui m'entourent. J'offrirai des sacrifices dans sa tente avec des cris de joie, je chanterai, je célébrerai l'Eternel.
7 Eternel, écoute ma voix, car je fais appel à toi, aie pitié de moi et exauce-moi! 8 Mon coeur dit de ta part: «cherchez ma face» Je te recherche, Eternel!
9 Ne me cache pas ta face, ne repousse pas avec colère ton serviteur! Tu es mon secours: ne me laisse pas, ne m'abandonne pas, Dieu de mon salut! 10 Même si mon père et ma mère viennent à m'abandonner, l'Eternel m'accueillera.
11 Eternel, enseigne-moi ta voie, conduis-moi dans le sentier de la droiture, à cause de mes ennemis.
12 Ne me livre pas à la merci de mes adversaires, car de faux témoins s'attaquent à moi, des hommes qui ne respirent que la violence.
13 Oh! si je n'étais pas sûr de voir la bonté de l'Eternel au pays des vivants... 14 Espère en l'Eternel! Fortifie-toi et que ton coeur s'affermisse! Espère en l'Eternel!




Chers frères et soeurs,
chers amis,

Faites-vous partie de ceux qui se sentent plus proche de Dieu dans un contexte particulier? Certains ressentiront plus la communion avec notre Père divin dans une magnifique cathédrale où se déroule une liturgie solennelle. Quant à moi, je suis plutôt de ceux qui sont plus à l'aise et qui se sentent plus proche de leur Dieu dans les bosquets et les clairières. Tout cela reste très personnel bien sûr, et très subjectif aussi. Néanmoins je pense que nous cherchons tous la présence de Dieu, nous désirons tous être plus près de lui.

C'est je crois le thème qui traverse ce psaume écrit par David. Nous ne connaisons pas les circonstances exactes de cette rédaction. Certains pensent que David devait alors faire face à une crise grave dans sa vie. D'autres pensent que le roi d'Israël présente plutôt ici une sorte de résumé de sa propre expérience spirituelle. Peu importe en fait, car ce que ce psaume nous donne, c'est une image d'un croyant cherchant son Dieu et se confiant en lui dans toutes les circonstances de sa vie.

Le psaume 27 a un début très proche de celui du psaume 23, où David dit: « le Seigneur est mon berger » pour aussitôt ajouter: « je ne manquerai de rien ». Dans le psaume 27, on a une construction analogue: « Le Seigneur est ma lumière et mon salut» suivi de « de qui aurai-je peur? ». En fait, les trois premiers versets du psaume 27 témoignent d'une foi presque indécente de solidité et d'assurance: David n'a pas peur de ses ennemis, David n'a pas peur d'une armée qui le menacerait, David n'a pas peur de se retrouver plongé dans les combats d'une guerre! Tout cela semble un peu trop parfait n'est-ce pas? Un peu trop beau pour être vrai sans doute...

Pourtant, la question se pose: n'est-ce pas là la réalité que Dieu nous demande de vivre? Et cette réalité est je crois fondée sur un tout petit mot, que vous n'avez peut-être pas remarqué: « ma ». David ne dit pas « Le Seigneur est lumière » mais, « le Seigneur est ma lumière ». La foi n'est donc pas pour David quelque chose de purement intellectuel et lointain, mais une réalité vivante et personnelle. Nous aimons réciter le Credo (« je crois en Dieu... ») dans notre liturgie. Mais connaître la bonne doctrine et la laisser illuminer notre vie sont deux choses différentes.
Le soleil brille pour tout le monde. Mais si je fais le choix de vivre dans une maison aux volets fermés, je ne verrai pas le soleil, même quand il est à son zénith. De la même façon, que je croie en Dieu ou que je n'y croiepas, Dieu est lumière. Mais si je veux profiter du soleil, il faut que je m'en approche.
Nous pouvons aborder les grandes doctrines bibliques de la même façon:
Dieu est amour. C'est vrai. Cela a rempli des pages et des pages de théologie. Mais seule l'assurance de savoir que Dieu m'aime moi peut remplir ma vie.
Dieu est tout-puissant. Vérité splendide, mais qui ne prendra pleinement son sens que quand je vais reconnaître que ce Dieu tout-puissant me guide et me protège sur les chemins de l'existence.

Dieu est la lumière de David, il est son salut. Voilà pourquoi David peut dire: je n'ai peur de personne. Il est possible, devant une telle déclaration, de faire preuve d'une certaine ironie. David ne ferait-il pas partie de ces êtres totalement immergés dans les nuages de la spiritualité et qui ne touchent même plus terre? Non, certainement pas. David avait reçu la dure éducation d'un petit paysan. Il était devenu un guerrier, habitué à la rudesse des combats. Il avait été appelé à monter sur la trône d'Israël, chargé de guider et de protéger tout un peuple. Non, David n'était pas un doux rêveur: la vie ne le lui avait pas permis!!

C'est bien un homme, un vrai, plongé dans le tumulte de la vie qui parle et qui demande « une chose, que je désire ardemment: je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Eternel, pour contempler la beauté de l'Eternel et pour admirer son temple, 5 car il me protégera dans son tabernacle, le jour du malheur, il me cachera sous l'abri de sa tente, il m'élèvera sur un rocher. »

Une chose. Pas une foule de choses, pas trois, pas deux. Une seule et unique chose. Le plus profond désir de David, c'est de ressentir la communion avec son Dieu, d'être dans sa présence, de marcher avec lui. Voilà la chose qu'il recherche.
Et pourtant! Si l'on admet que ce psaume a été écrit lors d'une des périodes les plus sombres de la vie de David (peut-être la révolte de son fils Absalom, quand, dépossédé du trône, il dût quitter Jérusalem et mener une guérilla), on se serait attendu à ce qu'il demande autre chose ou, en tout cas, des choses en plus. Mais David ne recherche qu'une chose: être avec son Dieu. Est-ce aussi notre désir, quand la vie nous secoue? Est-ce que vraiment, la seule chose que nous désirons ardemment est de demeurer tout prêt du Seigneur? Adopter cette attitude demande sans doute un effort véritable pour s'extirper de nos craintes, pour ne plus avoir les yeux fixés sur nos besoins, même légitimes.
« Cherchez d'abord le Royaume de Dieu, et toutes choses vous seront données en plus » a dit Jésus. C'est un exhortation: « cherchez d'abord le royaume de Dieu ». Mettez votre relation avec Dieu au dessus de tout, placez-là avant tout. N'acceptez rien qui pourrait lui enlever cette prééminence.
C'est aussi une promesse: « toutes choses vous seront données en plus ». Votre Père sait ce dont vous avez besoin, mieux que vous. Comme David, confiez-vous en lui pour qu'il prenne soin de vous, pour qu'il vous protège, vous et ceux que vous aimez.

Il ne faudrait cependant pas croire que ce psaume 27 nous présente une vision rêvée de la vie du croyant. Ce n'est pas un long fleuve tranquille. Il y a dans ce psaume une deuxième partie, qui débute au verset 7: « Eternel, écoute ma voix, car je fais appel à toi, aie pitié de moi et exauce-moi! ».

Cette phrase témoigne d'un combat, dur, âpre. Ce n'est pas un combat contre des ennemis armés, non: c'est le combat de David contre lui-même. Dans la société assez niaisement pacifiste où nous vivons, la notion de combat est dévalorisée. Pourtant, Paul nous invite bien à mener « le bon combat de la foi » et il décrit en Ephésiens l'armure complète du chrétien...
Ce combat de la foi, ces heures sombres de l'âme, les plus grands croyants les ont traversées. Les plus grands serviteurs de Dieu ont pu passé par le creuset du doute.Le combat est parfois rude pour garder la confiance absolue en ce Dieu que l’on aime.

David a tout misé sur Dieu, il ne faudrait pas qu'il s'en retrouve confus. Sa prière se fait donc appel au secours. Mais ce qui est frappant, c'est que Dieu parle à son serviteur. « Mon coeur dit de ta part: «cherchez ma face» ».
C'est Dieu qui prend l'initiative de secourir David. N'oublions jamais que c'est lui qui nous a aimés le premier, et non l'inverse!
Cherchez ma face, dit Dieu. La face, c'est ce qui représente l'être même d'une personne. Et nous chrétiens, croyants de la Nouvelle Alliance, je crois que nous jouissons sur ce point d'un grand privilège comparé à David. Nous pouvons contempler la face de Dieu en Christ. En Jésus, Dieu s'est montré à nous de façon complète et non plus partielle comme c'était le cas dans l'Ancien Testament. En Jésus-Christ, nous pouvons être assurés de l'amour de Dieu et de sa grâce pour nous. Alors prenons courage: notre foi repose sur une base solide et éprouvée. Nous pouvons contempler la bonté du Seigneur en regardant son Fils bien-aimé.

Fort d'une nouvelle assurance, David demande de nouveau quelque chose: Eternel, enseigne-moi ta voie, conduis-moi dans le sentier de la droiture.
David veut apprendre quel est le sentier où le Dieu de justice veut qu'il marche. Il veut une aide, mais il veut aussi un guide.
Trop souvent, nous essayons d'emprunter nos propres chemins. Trop souvent aussi, nous dévions de la voie droite que le Seigneur a tracé pour son peuple! Le « sentier de la droiture », cela suppose que d'autres sentiers, eux, sont bien tortueux! Alors, mes frères, demandons comme David d'être gardés et d'avancer sur le droit chemin, loin des erreurs, des hérésies, des compromis. Pour cela, consultons régulièrement la carte vers le Ciel qu'est la Sainte Bible. C'est là que nous entendrons la vérité qui sort de la bouche de Dieu et que les mensonges du monde se tairont.

La fin de ce psaume est un peu comme le bouquet final d'un feu d'artifice. David n'a jamais cherché à embellir ce qui se passe en lui-même, mais il va sortir vainqueur grâce au Seigneur. Et cette fin de prière, elle nous bouscule trois mille ans après!
Oh! si je n'étais pas sûr de voir la bonté de l'Eternel au pays des vivants...

Avec tout ce que David a dit de Dieu (sa lumière, son salut), avec ce qu’il vient de lui dire maintenant dans son combat pour garder la confiance, c’est à lui-même maintenant que David parle, comme pour se raisonner, se rassurer, se prendre en main aussi.
Espère en l'Eternel! Fortifie-toi et que ton coeur s'affermisse! Espère en l'Eternel!

Autrement dit : j’ai tout dit à Dieu. Je lui ai exprimé ma confiance joyeuse; je lui ai dit la situation dramatique dans laquelle je me trouve, je ne lui ai pas caché mes luttes intérieures. A présent, Le moment est venu de m'en remettre à lui et de poursuivre ma route sereinement sous le regard de Dieu.

David avait cette grâce de pouvoir connaître une paix et une joie authentique. Trois mille ans plus tard, Dieu souhaite encore nous voir vivre sa joie et sa paix. Et, pour nous comme pour David, le chemin reste le même: se reposer sur notre Dieu, lui dire « merci et amen » et mener le combat de la foi grâce à la force qu'il nous donne.
Et que le coeur de chacun de nous puisse lui dire, de la part de Dieu: « Espère en l'Eternel! Fortifie-toi et que ton coeur s'affermisse! Espère en l'Eternel! »

Amen!

dimanche 16 janvier 2011

JEAN 1.19-34



19 Voici le témoignage de Jean lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des Lévites pour lui demander: «Toi, qui es-tu?»
20 Il déclara et sans restriction affirma: «Moi, je ne suis pas le Messie.»
21 Ils lui demandèrent: «Qui es-tu donc? Es-tu Elie?» Et il dit: «Je ne le suis pas.» «Es-tu le prophète?» Et il répondit: «Non.»
22 Ils lui dirent alors: «Qui es-tu? Nous devons donner une réponse à ceux qui nous ont envoyés! Que dis-tu de toi-même?»
23 «Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert: 'Rendez le chemin du Seigneur droit', comme l'a dit le prophète Esaïe.»
24 Ceux qui avaient été envoyés étaient des pharisiens.
25 Ils lui posèrent encore cette question: «Pourquoi donc baptises-tu, si tu n'es ni le Messie, ni Elie, ni le prophète?» 26 Jean leur répondit: «Moi, je baptise d'eau, mais au milieu de vous se trouve quelqu'un que vous ne connaissez pas.
27 Il vient après moi [mais il m'a précédé,] et je ne suis pas digne de détacher la courroie de ses sandales.»
28 Cela se passait à Béthanie, de l'autre côté du Jourdain, où Jean baptisait.
29 Le lendemain, il vit Jésus s'approcher de lui et dit: «Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.
30 C'est celui à propos duquel j'ai dit: 'Après moi vient un homme qui m'a précédé, car il existait avant moi.'
31 Pour ma part, je ne le connaissais pas, mais c'est afin de le faire connaître à Israël que je suis venu baptiser d'eau.»
32 Jean rendit aussi ce témoignage: «J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et s'arrêter sur lui.
33 Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser d'eau m'a dit: 'Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et s'arrêter, c'est lui qui baptise du Saint-Esprit.' 34 Et moi, j'ai vu et j'atteste qu'il est le Fils de Dieu.»
35 Le lendemain, Jean était encore là avec deux de ses disciples. 36 Il vit Jésus passer et dit: «Voici l'Agneau de Dieu.»
37 Les deux disciples l'entendirent prononcer ces paroles et suivirent Jésus. 38 Jésus se retourna et, voyant qu'ils le suivaient, il leur dit: «Que cherchez-vous?» Ils lui répondirent: «Rabbi - ce qui signifie maître -, où habites-tu?»
39 «Venez, leur dit-il, et voyez.» Ils y allèrent [donc], virent où il habitait et restèrent avec lui ce jour-là. C'était environ quatre heures de l'après-midi.




Chers frères et soeurs,
chers amis,

J'ai lu qu'il existe en Allemagne un église dont le clocher est orné en son sommet d'une sculpture de mouton. L'hsitoire raconte qu'alors que la construction du clocher était en cours, un maçon glissa de l'échafaudage et tomba dans le vide. Ses compagnons se précipitèrent en bas, sûrs de le retrouver mort. Mais c'est bien un vivant qu'ils virent: où moment où l'homme tombait, un troupeau de moutons passait sous l'église. L'homme était tombé sur l'un d'eux: la bête était morte, mais lui était intact. Pour commémorer ce jour providentiel, les maçons décidèrent donc de scuplter la bête sur le clocher, au niveau où leur compagnon était tombé. Très sincérement, après des recherches sur Internet, je n'ai pas pu retrouver cette église, et je ne sais donc pas si l'histoire est vraie. Mais quand bien même ce serait une légende, elle présente quand même une vérité centrale: nous avons besoin d'un agneau pour survivre.

Nous avons besoin d'un agneau; et il faut d'abord que cette agneau vienne de Dieu

Jean-Baptiste a été le premier à appeler Jésus l'agneau de Dieu. C'était un titre. Un titre est quelque chose qui confère un certain prestige. Tout le monde ne peut pas se faire appeler « Docteur X » ou « Maître Y ». Mais appeler quelqu'un « agneau »?? Les agneaux sont de petites bêtes sans défense, pas particulièrement finaudes, facilement en difficulté. Est-ce que Jean-Baptiste voulait dire que Jésus était faible et sans ressources? Oui d'une certaine façon. Mais il faut bien remplacer cette expression de Jean-Baptiste dans le contexte, il faut se souvenir de ce que signifiait l'agneau pour les Juifs auxquels il s'adressait.


La figure de l'agneau était chargée pour les Juifs d'un poids énorme sur le plan de la foi. L'agneau faisait partie des sacrifices que Dieu exigeait dans le Temple pour symboliser le pardon des péchés. L'agneau tenait aussi un rôle central dans le repas de la Pâques, quand les Israëlites commémoraient leur libération de l'esclavage égyptien par Dieu. Le livre de l'Exode raconte comment les Juifs placèrent sur le linetau de leurs portes le sang des agenaux immolés pour ne pas être frappé par L'agneau était donc le symbole de l'expiation des péchés, de la purification, de la grâce de Dieu aussi.

Et, un jour, quand les temps furent accomplis, Jean-Baptiste a vu Jésus et a dit » voilà, c'est lui, l'agneau de Dieu ». Dans une culture qui sacrifait deux agneaux chaque jour dans le Temple, cette déclaration était le baiser de la mort; une phrase grandiose, merveilleuse dans ce qu'elle annonçait, mais qui laissait aussi présager la destinée de Jésus. Ce que Jean dit en appelant Jésus l'agneau de Dieu c'est « regardez: voilà celui qui va être sacrifié pour vous ».
Voilà donc un titre terrible, mais qui est là pour marquer nos esprits, pour nous faire comprendre ce que Jésus va accomplir: il enlève le péché du monde. Littéralement, il le déchire. Le péché, c'est-à-dire en fait tout ce qui nous sépare de Dieu, que ce soit au niveau personnel ou collectif, Jésus vient le détruire et en triompher.

Il y a quelques années, des amis ont été cambriolés. En plus de la perte de quelques objets de valeur, ils m'ont expliqué que ce qui avait été le plus choquant avait été de réaliser qu'on avait violé leur intimité. Aucun de nous n'aime cela. Même les people qui aiment tant se mettre en tête finissent un jour par perdre patience et par agresser un paparazzi trop curieux.

C'est un peut la même chose avec le péché. « C'est ma vie, je fais ce que je veux » est un slogan très répandu, une excuse très couramment employée. Oui, nous faisons à peu près tout ce que nous voulons. Nous sommes libres. Libres aussi, par nos attitudes, par nos égoïsmes, par nos colères, par notre recherche éperdue de la jouissance immédiate, de nous infliger des blessures et de faire souffrir les autres.

Et pourtant, quand Jésus s'approche de nous, ce n'est pas pour nous juger. Il n'est pas un pion qui vient rétablir la discipline dans une classe. Jésus ne cherche pas à s'imposer. Jésus n'a pas voulu changer notre vie en nous faisant passer sous une règle de fer. Il a changé notre vie en se donnant lui-même sur la Croix. Jésus ne veut pas nous briser. Il a été brisé pour nous. Jésus ne veut pas nous punir. Il a été puni à notre place. Puis, il est ressuscité, montrant que nos péchés sont morts, que nous pouvons enfin vraiment vivre.

Mais, pour que cela arrive, nos vies doivent prendre une nouvelle direction. Jean-Baptiste a pointé vers Jésus. Il a nié être le Messie. Dans notre texte, nous le voyons envoyer ses disciples vers Jésus. En disant, voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, Jean veut nous rediriger vers Jésus, et vers lui seul.
Notre foi n'est pas fondée sur la tradition, sur ce que le monde dit et pense, sur nos idées personnelles. Notre foi est fondée sur Jésus, l'agneau de Dieu.
J'ai vu un jour un schéma qui présentait l'Eglise comme une roue dont Jésus était le centre et les chrétiens les rayons. La légende disait « plus nous sommes proches de Jésus, plus nous sommes proches les uns des autres ».
Bien sûr, encore faut-il être proche du vrai Jésus, celui des Evangiles, et non pas d'un pâle copie.
Car rien n'est plus terrible pour des chrétiens que de s'éloigner de Jésus. Quand cela arrive à une Eglise, elle risque de ne plus pointer vers Christ comme Jean l'a fait. Et pourtant, l'Eglise n'existe que par et pour Jésus! Qu'une Eglise perde Jésus de vie, et elle va rapidement perdre son caractère lieu de communion, elle va devenir une force religieuse alors que Christ a toujours condamné la religion! Elle devra alors chercher une autre raison d'être et d'agir. C'est alors, en général, qu'on voit les églises se transformer en clubs ou encor en ligues de vertu (de droite pour la famille traditionelle, ou de gauche pour les sans-papiers, peu importe...).
Mais il y a aussi beaucoup de chrétiens qui, à titre personnel, vivent des vies spirituelles atrophiées, parce que leur regard n'est pas pleinement tourné vers l'agneau.
Ici, je crois qu'il est bon de revenir à l'agneau immolé au moment de l'Exode et de la Pâque. Cet agneau était la marque d'une action puissante de Dieu envers son peuple: la libération d'Egypte. Mais Dieu ne s'est pas contenté de protéger son peuple et de l'amener hors du pays de l'esclavage. Il leur a donné le pays qu'il avait promis à Abraham, un bon pays, un pays d'abondance où coulaient le lait et le miel. Tout cela est une image de ce que Jésus fait pour nous.
Jésus nous donne la liberté. Nous sommes libérés du péchés, libérés aussi des légalismes dans lesquels nous avons si souvent tendance à nous enfermer avec leur « fais ceci, ne fais pas celà ». Mais Jésus nous mène aussi vers la communion avec lui, chaque jour; là où nous savons que nous sommes en sécurité, chez nous, comme les Israëlites l'étaient dans le pays promis. L'agneau de Dieu est celui qui nous libère et nous donne tout ce que Dieu nous a promis.

Les disciples de Jean-Baptiste sont allés vers Jésus. Il leur a demandé: que cherchez-vous? Tout le monde cherche quelque chose je crois. Certains cherchent l'amour, d'autres la richesse. La Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis parlent du droit à la recherche du bohneur. J'ai toujours trouvé que c'était une phrase magnifique et un splendide but pour la vie humaine, car avant de chercher le bonheur, il faut d'aborde avoir défini ce qu'il est.
Jésus pose cette question à ceux qui viennent à lui: que cherches-tu? Quel est ton but, quelles sont tes envies les plus enfouies, qu'est-ce que ton coeur désire?
On peut s'approcher de Jésus pour de mauvaises raisons. Si vous cherchez à être riche, beau, en bonne santé, si vous pensez que la foi apporte la promesse de la réussite selon les valeurs du monde, alors effectivement, Jésus n'a pas grand-chose à vous apporter. Il peut en revanche nous donner beaucoup plus: une nouvelle façon de concevoir notre identité, de nouvelles relations avec le monde qui nous entoure, une espérance vivante et fondée.

L'autre chose que Jésus dit aux disciples de Jean n'est pas une question, mais une invitation: venez et voyez.
Viens: les disciples ont quitté Jean-Baptiste et ont suivi Jésus. Il y a eu un mouvement, et c'est ce qui arrive quand on se met à la suite de Christ. En disant « viens » Jésus nous invite au mouvement, à un nouveau départ. Il nous dit « fais comme les Hébreux. Quitte le pays du désespoir et de l'esclavage et mets-toi à ma suite, nous allons marcher ensemble ».
Vois: cela veut dire qu'il y a quelque chose à voir, quelque chose de réel, de tangible pourrait-on dire. Je sais que pour beaucoup, la foi n'est qu'une béquille, qu'une fuite dans un pays imaginaire. Mais je marche avec le Seigneur depuis quelques années et je peux témoigner avoir vu les réponses à la prière, les guérisons du corps et de l'esprit, la fidélité qui sont venues de Christ. Elles sont venues parce que l'agneau de Dieu qui a été immolé est vivant.

Il nous appelle aujourd'hui à entamer ou à renouveler une nouvelle relation avec lui. Il nous dit « viens et vois ». Sachons répondre à son appel.

Amen.

jeudi 13 janvier 2011

Rien à rajouter...




L'Evangile est proprement un enseignement donné à l'homme qui, loin de satisfaire à la Loi de Dieu, l'a transgressée; qui, par sa nature corrompue, par ses paroles et ses actes est rebelle à la Loi et, par là, s'expose à la colère de Dieu, à la mort, à tous les maux temporels et au feu de l'enfer.

A ce malheureux pécheur, l'Evangile apprend que, pour obtenir le pardon de Dieu, il doit croire que le Fils de Dieu, Jésus-Christ notre Seigneur, a pris sur lui et subi la malédiction de la Loi et a expié tous nos péchés.

A cause de lui seul, nous sommes réconciliés avec Dieu, nous obtenons par la foi la rémission des péchés, nous sommes libérés de la mort et de toutes les peines qu'entraînent nos péchés et nous sommes sauvés pour l'éternité.


Formule de Concorde-Solida Declaratio

samedi 8 janvier 2011

MATTHIEU 3.13-17





13 Alors Jésus vint de la Galilée jusqu'au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui, 14 mais Jean s'y opposait en disant: «C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et c'est toi qui viens vers moi?»
15 Jésus lui répondit: «Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste», et Jean ne lui résista plus.
16 Dès qu'il fut baptisé, Jésus sortit de l'eau. Alors le ciel s'ouvrit [pour lui] et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
17 Au même instant, une voix fit entendre du ciel ces paroles: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute mon approbation.»




Chers frères et soeurs,
chers amis,

Le baptême de Jésus par Jean-Baptiste ouvre le ministère public de Jésus dans nos 4 évangiles. C'est bien le signe que, pour l'Eglise primitive, il y avait dans cet acte surprenant un enjeu fondamental pour la compréhension de tout le ministère de Jésus. On pourrait dire que ce récit du baptême dans les eaux du Jourdain indique la vocation de Jésus de manière toute particulière. Certains mouvements dissidents de l'Eglise primitive pensaient même que ce n'était que lors de son baptême que Jésus était devenu "Fils de Dieu", qu'il avait, en quelque sorte, été adopté par Dieu à ce moment-là… Ce matin, je n'aimerais pas m'engager dans des théories historiques ou dogmatiques sur ce baptême, mais plutôt j'aimerais laisser parler les images évangéliques, car elles me semblent très fortes et sont pleines de résonances pour nous guider dans notre réflexion et dans notre vie. Dans nos 4 évangiles, le baptême de Jésus par Jean-Baptiste marque le commencement du ministère public de Jésus. Cela montre bien que, pour la première église, il y avait dans cet acte quelque chose de fondamental pour la compréhension de toute la vie de Jésus et de son message. Et comme nous sommes dans la saison de l'Epiphanie, où les différents aspects de la personne de Christ sont particulièrement mis en lumière, nous allons nous pencher sur son baptême pour comprendre ce qu'il nous dit.
Ce baptême de Jésus a en fait longtemps été considéré comme une énigme. Certains ont prétendu que Jésus n'était devenu le Fils de Dieu qu'ua moment de son baptême. D'autre part, le fait que Jésus se soit identifié aux pécheurs que nous sommes par ce baptême a posé bien des questions. C'est pourquoi, dans le pseudo-Evangile aux Hébreux (un texte apocryphe) Jésus explique bien que non,bien sûr, il n'est pas pécheur! Mais nos vrais évangiles, eux, sont bien plus discrets et demandent plus d'approfondissement. Et enfin, il y a la tendance à rapprocher le baptême de Jésus et le nôtre, en oubliant un peu trop vite que le baptême de Jean n'était pas le baptême chrétien que nous avons reçu!
Alors ce matin, je vous propose de rester simples et de nous laisser guider par le texte des évangiles en lui demandant de nous apporter ses lumières.

Restons simples, donc, et considérons le symbole principal du baptême de Jésus: l'eau. Voilà un symbole qui évoque de nombreuses références dans notre Ancien Testament: nous pensons au passage de la Mer Rouge qui marque la libération du peuple juif hors d'Egypte. Paul d'ailleurs, établit un parallèle entre cet épisode et le baptême chrétien qui est lui aussi chemin de libération. Mais ce que nous devons bien saisir est que souvent dans l'Ancien Testament, l'eau ne possède pas nécessairement l'image positive que nous lui avons donnée. Pour nous, l'eau, c'est la vie. Pour les Hébreux, c'était plus compliqué! Dès les récits de la Création, l'eau est vue comme un symbole du "chaos", du monde ténébreux, de la menace à laquelle les hommes et la création entière sont exposés (cf. le récit du Déluge)… Dans la Bible, le symbole de l'eau n'évoque donc pas, en premier lieu, l'eau claire et limpide qui lave et purifie, mais l'eau menaçante qui engloutit !

Nous retrouvons cela notamment dans les Psaumes, ce livre de prière du peuple juif. Les Psaumes sont remplis d'images de catastrophes naturelles (torrents dévastateurs, inondation violente, sol marécageux, etc…) pour exprimer, de manière très concrète et tangible, très visuelle pourrait-on dire, la situation morale et spirituelle dans laquelle l'homme se trouve, situation du psalmiste pris dans les forces du mal et la violence des ennemis... comme s'il était en train de se noyer, submergé par des eaux !

Souvent, nous avons tendance à être abstraits face au mal qui nous touche. Nous parlons ainsi de « mal-être », d'aliénation. Nous sommes même encore quelques uns à parler des conséquences du péché...Mais les psalmistes évoquent les mêmes réalités en termes beaucoup plus graphiques. Pour les désigner, le psalmiste parlera d'un torrent dans lequel l'homme est emporté, de bourbier dans lequel il s'enlise, de filet ou de piège qui le tiennent prisonnier. Images fortes qui expriment bien ce sentiment de perte d'équilibre, de manque de souffle, d'asservissement et même cette menace d'anéantissement...

Ces images évoquent aussi la terrible puissance du mal sur nous et toute notre impuissance : peut-on, en effet, lutter contre un torrent qui dévale ? Peut-on se sortir soi-même d'un marécage qui nous engloutit ? Peut-on se hisser de ses propres forces hors de l'abîme ?

C'est pourquoi, dans les psaumes, en plus de cette description de la situation dramatique dans laquelle se trouve l'homme, il y a aussi, toujours, l'appel pathétique et très concret à l'aide de Dieu, l'attente d'un Sauveur...

Dans notre langage théologique, nous parlerions alors de salut, de pardon des péchés ou de délivrance. Le psalmiste, lui, va parler d'un Dieu qui retire l'homme du bourbier, d'oiseaux qui échappent au filet et prennent leur envol, de sol bien stable (le contraire du marécage) sur lequel nous pouvons marcher en équilibre, voire de rocher (le contraire de l'abîme) que nous pouvons escalader.

On peut donc maintenant tenter de relire le récit du baptême de Jésus dans le Jourdain à partir de ce symbolisme biblique si riche des psaumes.

Quand Jésus vient au Jourdain pour être baptisé par Jean, c'est bien dans cette eau, symbole de menace et de chaos, qu'il va plonger, dans cet abîme qu'il va pénétrer, dans cette zone sombre et obscure de notre monde qu'il va être immergé.

Il veut ainsi se montrer pleinement humain, entrer en pleine solidarité et communion avec nous, jusque dans ces lieux où nous perdons pied et où nous pouvons parfois nous sentir submergés par l'angoisse. En plongeant dans le Jourdain, Jésus a voulu pénétrer au cœur des zones d'ombre de notre univers et de chacune de nos vies. Il n'a pas voulu être au-dessus de nous, sur un piédestal moral ou religieux. Il n'a pas voulu être à côté, dans un univers bien protégé, calfeutré et imperméable, mais il s'est placé délibérément au cœur même de la mêlée, au cœur de la confusion de notre monde non racheté. Jésus est venu là où les humains sont blessés par la violence et la honte, par l'angoisse et le mal. Jésus est venu là où l'homme souffre et crie sa souffrance. Jésus est venu là où l'homme doute et se révolte ; là où l'homme se confronte à sa pauvreté et à sa fragilité.

Et cela résume certainement tout l'Evangile, et c'est pourquoi chacun des quatre évangélistes ouvre le ministère public de Jésus par ce récit de baptême.

Par contraste, on peut comparer cela avec un autre récit d'envoi : le récit de la vocation du Bouddha. Là aussi, il est question d'eau : les textes nous racontent que le Bouddha était en méditation sur la rive d'un fleuve, lorsque, tout d'un coup, les flots se déchaînent avec fureur autour de lui... mais lui reste totalement impassible, hors d'atteinte du monde, dans une méditation que rien ne saurait troubler...

Là se trouve toute la différence entre la foi chrétienne et toutes les sagesses orientales, qui fascinent tellement nos contemporains : Jésus ne reste pas sur la berge à méditer pour échapper au monde, aux désirs et donc aux souffrances liées aux désirs, mais il va pénétrer dans le torrent, porter sur lui nos souffrances, sauver le monde de l'intérieur...

Et, tout au long de son ministère, Jésus va aller vers les cabossés de la vie, vers les infirmes, les malades, les pécheurs pour leur témoigner la compassion divine. Un autre épisode fait d'ailleurs écho au baptême: quand les disciples sont pris dans une tempête et que Jésus vient sur eux en marchant sur les eaux (Mt 14.22-33, Mc 6.48, Jn 6.19). S'agit-il là simplement d'une démonstration de puissance, d'un renversement des lois de la physique? Non, en marchant sur l'eau, symbole de la mort et de la destruction, Jésus montre qu'il est plus fort qu'elles! C'est une annonce voilée de la résurrection. Voilà pourquoi Jésus peut dire à ses disciples effrayés: « rassurez-vous, c'est moi, n'ayez pas peur ! ».

Mais ce qu'il y a encore de plus extraordinaire dans les récits de baptême de Jésus, c'est que c'est à ce moment où la terre se dérobe sous ses pieds, au moment où il pénètre dans l'abîme, que les cieux s'ouvrent et donc que la séparation ciel-terre, Dieu-homme est abolie. C'est à ce moment que Dieu se fait totalement proche.

L'identité de Jésus est alors pleinement révélée (épiphanie!!) : "Celui-ci est mon Fils bien aimé" et le Saint-Esprit descend sur lui sous la forme d'une colombe, de l'osieau qui a annoncé à Noé que le déluge était terminé et que la vie allait reprendre!

Que nous disent toutes ces images et ces symboles bibliques?

C'est quand Jésus vit son baptême, quand il vit cette profonde solidarité avec les pécheurs que nous sommes, cette traversée de l'angoisse, cet abandon de toute sécurité humaine ; quand il pénètre donc au plein cœur de l'humanité, qu'il est révélé comme le Fils de Dieu, comme celui qui ne peut compter que sur Dieu seul, tenir sa vie que de Dieu seul... Un Dieu qu'il expérimente alors comme plus grand, plus fort, plus puissant que tous les abîmes de notre monde !

Par son baptême, le Christ entre pleinement dans sa mission. Il le fait dans une confiance totale en celui qu'il ne cessera d'appeler son Père... Et c'est l'expérience qu'il nous donne à vivre pour que nous soyons ses frères et sœurs d'adoption, pour que nous aussi, nous puissions appeler Dieu « notre Père ».

Car ces images bibliques sont aussi des images de notre existence : le torrent, le marais, la terre ferme, le ciel sont des réalités en chacune de nos vies. Ce texte du baptême du Christ se transforme en invitation : invitation à plonger dans ces abîmes qui parfois nous effraient en nous, à traverser les épreuves et les angoisses qui nous habitent, à partir à la quête de notre vie profonde et à partager aussi la peine de nos compagnons d'humanité. Jésus est déjà passé par là, il nous montre le chemin, il nous a tout donné. Par la foi, il veut nous mener vers le lieu où le ciel peut s'ouvrir au-dessus de l'abîme et où nous pouvons nous découvrir, à notre tour, fils et filles de Dieu !

Amen.

jeudi 6 janvier 2011

Epiphanie

Adoration of the Magi; Jan Richardson


Quand ils virent l'étoile, ils furent remplis d'une très grande joie...et il lui offrirent des cadeaux, de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Matthieu 2.10-11


La première chose qu'il nous faut remarquer lorsque les mages sont venus à la recherche de Christ, le Roi nouveau-né, est qu'ils ne l'ont pas trouvé à Jésrusalem. Pour avoir des précisions sur le lieu de sa naissance, il leur fallait les demander au prophète Michée. Et c'est seulement après qu'ils eurent reçu la Parole -vous voyez l'importance qu'il y a à bien écouter la Parole de Dieu-, qu'ils se remirent en route, vers Bethléem cette fois.

Jugez de leur surprise quand ils virent qu'à peine se trouvaient-ils hors des murs de la ville, l'étoile se remettait à briller devant eux pour ne s'arrêter que devant l'étable où le bébé dormait, sous le regard affectueux de ses parents. C'est peu dire qu'ils ont été surpris. Ils ont été aussi consolés, réconfortés, encouragés. Pensez à ce qu'aurait été leur déception si, au terme d'un si long voyage, ils n'avaient trouvé rien ni personne. Heureusement qu'ils ont su voir ce qui ne se voyait pas, car l'étable était loin d'être un somptueux palais. Tout ici était sommaire, presque misérable; on avait couché le bébé dans une mangeoire à bestiaux. Ce peut-il que cela soit le palais d'un roi?

Mais ces saints hommes ne s'y sont point trompés. Par delà le dénument du lieu et la simplicité de ce qui s'y était passé, ils ont perçu que le bébé qu'ils voyaient n'était pas un enfant comme les autres et, ayant ouvert leurs bagages, ils lui ont offert tout ce que l'on sait.


La seconde chose qu'il faut retenir de cette histoire, c'est que nous pouvons offrir au Christ ce à quoi nous tenons le plus.; ce sera toujours bien en-deçà de ce que mérite sa grandeur de Roi. Et peut-être devons-nous, à l'exemple des mages, nous montrer d'autant plus généreux que son règne parmi les hommes apparaît faible et d'une pauvreté qui quelquefois appelle la dérision. Et si nous souhaitons savoir où et devant qui déballer ce que nous appelons nos trésors, pour les partager, laissons encore le Christ nous donner la réponse: "toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites".


Martin Luther

Sermon pour la fête de l'Epiphanie, 1544

traduction et adaptation: Jean-François Maillard

dimanche 2 janvier 2011

EPHESIENS 3.1-6


Esaïe 60.1-6; Matthieu 2.1-12


1A cause de cela, moi Paul, le prisonnier du Christ-Jésus pour vous, les païens, ... 2si du moins vous avez entendu parler de la grâce de Dieu qui m'a été accordée pour que je vous en fasse part. 3C'est par révélation que j'ai eu connaissance du mystère, comme je viens de l'écrire en quelques mots. 4En les lisant, vous pouvez comprendre l'intelligence que j'ai du mystère du Christ. 5Ce mystère n'avait pas été porté à la connaissance des fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l'Esprit à ses saints apôtres et prophètes : 6les païens ont un même héritage, forment un même corps et participent à la même promesse en Christ-Jésus par l'Évangile


Chers frères et soeurs,
chers amis,

Nous célébrons ce dimanche la fête de l'Epiphanie (qui aura en fait lieu jeudi prochain). L'Epiphanie demeure bien discrète dans le calendrier liturgique des protestants français. Pourtant, alors que nous commençons une nouvelle année, avec ces espoirs et ses défis placés devant nous, l'Epiphanie a des choses à nous dire à la fois personnellement et collectivement en tant qu'église. Le terme « épiphanie » signifie manifestation en grec. La fête tire son origine des églises d'Orient, et il faut savoir qu'elle a pris en Occident un sens beaucoup plus limité qu'à l'Est, puisque pour nous elle n'est plus centrée que sur la visite des mages.
Mais en fait, à l'origine, l'épiphanie était la grande et unique fête de la manifestation de Christ dans le monde. Cela incluait sa naissance à Bethléem, son baptême (puisque Marc fait commencer l'histoire de Jésus par son baptême par Jean, avec manifestation par la voix du Père et la colombe de l'Esprit), la visite des mages (manifestation aux païens), le miracle de Cana (manifestation par le premier miracle).
En fait, on pourrait dire que la l'épiphanie est une fête des commencements: commencement de la vie terrestre de Christ avec sa naissance, commencement(s) de son ministère avec son baptême et son premier miracle. Alors pour nous qui commençons une nouvelle année civile, posons-nous la question: à quels commencements Dieu veut-il nous amener en 2011? Comment vivre la manifestation de Dieu dans nos vies, car elle ne s'est pas arrêtée bien sûr avec les épisodes bibliques que nous avons évoqués.

Je vous invite donc ce matin à réfléchir au message et à la signification de l'Epiphanie, surtout à partir des quelques versets du chapitre 3 de l'épître aux Ephésiens, que je vous ai lus : "Le mystère du Christ, dit Paul, Dieu vient de le révéler maintenant, par l'Esprit".

Puisque Epiphanie signifie manifestation de Dieu, l'exemple de l'apôtre Paul va justement nous montrer comment cette fête peut et doit être actualisée.
Comment Paul, en tout cas, a compris et a actualisé l'épiphanie de Dieu, la manifestation du mystère de Dieu.
Et comment nous, aujourd'hui, nous pourrions la comprendre et l'actualiser à notre tour.

Pour Paul, le choc, la révélation a lieu sur le chemin de Damas, où la lumière de Dieu éclate autour de lui et sur lui.
La conversion de l'apôtre Paul est une illustration extraordinaire de la façon dont Dieu appelle un homme, un individu, le bouscule, lui parle, l'éclaire et l'envoie.

Il est ridicule, devant des exemples pareils, de mettre en question aujourd'hui la signification de la conversion de l'individu, la prédication et la bonne nouvelle de la nouvelle naissance, la proclamation de la grâce offerte par Dieu à l'individu que je suis. A l'individu qu'est chacun de nous. Chaque homme a une valeur infinie aux yeux de Dieu. Dieu se manifeste à chacun personnellement.

Bien sûr, cette vision a été attaquée de toute part depuis longtemps. Nombreux sont ceux qui ont mis en question l'importance de cette relation personnelle entre Dieu et chaque homme. On a déclaré ridicule le fait de prêcher le slaut personnel, individuel, le fait de dire en chrétien « Christ est mort pour moi » comme Luther le disait si fortement. Bien sûr, il peut y avoir un côté malsain dans une spiritualité trop individualiste. Mais cela ne justifie en rien l'excès inverse, qui gomme le nécessité d'un foi personnelle! On a bien vu, même au sein des églises, le triste résultat des idéologies qui affirmaient que l'individu ne comptait pas, que c'était la lutte des classes qui dirigeait l'Histoire, que les problèmes ne seraient réglés que par une révolution globale et collective. Le résultat de ce grand rêve collectiviste avec lequel des « chrétiens » se sont compromis, cela été le goulag et les camps Khmers rouges! Et même aujourd'hui, dans notre société libérale qui prône tant l'individualisme le plus exacerbé, on voit bien qu'en fait l'individu n'est que le pion d'enjeux économiques. Entre l'égoïsme actuel qui exalte l'individu au dessus de tout et le collectivisme qui le réprime, le christianisme prône la dignité de chaque individu, sa responsabilité à répondre à l'appel de Dieu, son droit de s'inscrire dans des communautés naturelles telles que le famille, ainsi que sa liberté de penser. Il y a là un équilibre à trouver où à retrouver: laisser de la place pour un pélerinage personnel dans la foi, tout en inscrivant cette foi dans la communauté de l'Eglise locale.

Car le salut individuel dont nous avons parlé est aussi un appel au partage et à la communion. Cela aussi se voit dans la vie de Paul qui, parès sa conversion, a littéralement sacrifié sa vie pour annoncer l'Evangile. Cela ne veut pas dire que nous avons tous la même mission que Paul, mais nous reçevons tous un appel à servir. En ce début d'année, demandons-nous: comment mon service au sein de l'église locale peut-il glorifier Dieu, édifier mes frères et mes soeurs et être un témoignage pour ceux qui ne connaissent pas Jésus-Christ?

Dans la lettre aux Ephésiens, Paul fait allusion sans doute à sa conversion sur le chemin de Damas, lorsqu'il dit : "Par révélation, j'ai eu connaissance du mystère".

Mais ce mystère, dit Paul, que "Dieu vient de révéler maintenant par son Esprit", c'est que « les païens ont un même héritage, forment un même corps et participent à la même promesse en Christ-Jésus par l'Évangile »

Voilà la merveilleuse actualisation de l'Epiphanie de Dieu, que nous trouvons chez Paul.
Voilà la merveilleuse compréhension, nouvelle, révolutionnaire, actualisée, du mystère de l'Evangile.
Voilà sans doute la révolution qui a changé l'histoire du monde, plus que n'auraient pu le faire des révolutions politiques, des transformations de structures.

"Les païens ont un même héritage", dit Paul. Ces païens, les "nations", en grec. Les nations sont "cohéritières".

La vision est large, immense, à la dimension du monde tout entier. Jésus n'est pas venu que pour être le Messie d'un peuple. Jésus n'est pas venu que pour sauver Israël.
Il n'est pas venu que pour sauver Paul.

Paul, profondément touché, transformé, révolutionné, va faire exploser la nouvelle partout.

Il se jettera sur les chemins du monde, dans les montagnes et les défilés d'Anatolie et d'Asie, et jusqu'à Rome, capitale de l'empire, capitale du monde de son époque.

Pour Paul, l'Epiphanie de Dieu en Jésus n'est pas une petite affaire. Ce n'est pas l'affaire d'un groupuscule, d'un peuple, ni même d'une petite Eglise composée de gens de diverses nationalités.

Pour lui, l'Evangile s'adresse à tous. Jésus s'adresse à tous.

Cela lui a été révélé. Ce n'était pas évident du tout.

D'ailleurs, Paul sera abondamment critiqué par les Judéo-chrétiens, par les Juifs. Il sera même dénoncé, calomnié et persécuté.
Il avait violé les tabous. Il avait renversé les barrières. Il avait ouvert toutes grandes les portes de l'Eglise, les portes du salut. Est-ce que nous saisissons encore cette dimension radicale, révolutionnaire de l'Evangile?

"Les païens, dit-il, les nations sont cohéritiers du Christ, membres du même corps, associés à la même promesse".
Merveilleux apôtre Paul qui a compris que Jésus-Christ était venu pour tous les hommes !

Mais pour nous qui recevons son Evangile ce matin, que signifie aujourd'hui l'Epiphanie, la manifestation du mystère du Christ ?

Comment actualiserons-nous l'Evangile à notre tour ?
Certains disent que nous vivons après l'ère des idéologies qui ont dominé le 20 ème siècle (fascisme, communisme). Mais nous vivons toujours sous la coupe d'une idéologie! Celle du consumérisme, celle du marché, celle du relativisme moral érigé en dogme. Le Politiquement Correct a son inquisition!!Et comme le christianisme ne peut entrer dans ce moule, comme il propose un autre modèle, une autre vision du monde, il est naturellement vilipendé et tourné en ridicule. Et pourtant, pourtant, ils sont nombreux, auprès de nous, ceux qui voien que l'homme ne vit pas que de pain seulement, ceux qui ont soif de quelque chose de plus: coment allons-nous être témoins auprès d'eux?

Je sais que nos églises doivent absolument redevenir missionnaires et évangélisatrices. Je ne sais pas comment elles le redeviendront. Je doute en vérité qu'il y ait un modèle unique. Certains misent sur la puissance des moyens de communications modernes, comme Internet. Pourquoi pas? Mais faisons attention à ne pas nous fonder sur une puissance humaine, technique qui risquerait de nous couper de la seule vraie puissance: celle de l'Esprit Saint! En fait, je crois que l'enjeu est surtout de ne pas confondre les moyens (quelqu'ils soient) et la fin (l'annonce de l'Evangile).

En effet, la grande révolution sera sans doute moins dans les moyens utilisés pour l'évangélisation, que dans cette vision, cette révélation que Paul avait reçue, ce mystère du Christ qui avait été dévoilé à ses yeux par l'Esprit, à savoir que les païens sont appelés à devenir peuple de Dieu ?

Est-ce que cette vision est bien celle de notre communauté? Est-ce que c'est bien elle qui nous guide? Il est facile, à l'époque où nous vivons, de sombrer dans le défaitisme chrétien. Il est facile (et risqué!) de confondre fidélité et immobilisme! Alors, sommes-nous vraiment à l'écoute de l'Esprit Saint, qui a révélé à Paul ce grand mystère de l'amour de Dieu et qui aujourd'hui encore agit dans l'Eglise pour lui montrer le chemin? Car faisons bien attention, frères et soeurs: Dieu est encore à l'oeuvre!

Au début du livre des Actes, Luc dit « Théophile, j'ai parlé, dans mon premier livre, de tout ce que Jésus a commencé de faire et d'enseigner ». Jésus a commencé à agir et à enseigner durant son ministère terrestre et l'implication de Luc est qu'il a continué, dans la première église décrite en Actes et depuis dans une communauté comme la nôtre. Nous avons lu récemment l'Evangile de Matthieu où Jésus est décrit comme l'Emmanuel: Dieu avec nous. Et bien, commençons cette année avec la certitude que Jésus est avec chacun de nous, que Jésus est avec notre communauté.

Dans le texte d'Esaïe lu ce matin, nous avons entendu le prophète dire à Jérusalem: Lève-toi, brille, car ta lumière arrive et la gloire de l'Eternel se lève sur toi.
Comme Noël, l'épiphanie est aussi une fête de la lumière. La lumière de la présence de Dieu dans nos vies. La lumière de sa grâce, qui est offerte à tous. La lumière de son amour, qui nous guide dans l'obscurité du monde.

Dans sa première lettre, Pierre dit aux chrétiens « vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple racheté, afin d'annoncer les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ».

Avons-nous conscience de cela? Réalisons-nous que nous pouvons vivre dans l'admirable lumière de Dieu? Et cela est possible parce que Dieu s'est manifesté en Jésus-Christ. Nous n'avons plus à errer dans l'incertitude, nous n'avons plus à chercher un sens à notre vie: la grande lumière de Dieu s'est levée sur nous.

Cela ne fait pas de nous des illuminés, mais des gens éclairés. Des gens qui sauront discerner les signes du Royaume dans le quotidien de leurs vies. Des gens qui après avoir reçu le salut par l'Evangile trouveront dans l'Evangile leur nourriture quotidienne et la force qui les fait avancer.

Les paroles de salutation qui seront échangées ce matin dans bon nombre d'églises orientales: je vous les adresse, moi aussi, avec joie :
— "Christ est né et s'est manifesté...
— Pour vous, pour nous, grande nouvelle !".

Et que la lumière du Seigneur Jésus vous guide et vous garde dans cette nouvelle année.

samedi 1 janvier 2011

Bonne Année!!




L'Eglise Luthérienne en Poitou vous adresse ses meilleurs voeux.


Que 2011 soit pour vous une année de paix et de joie, dans la présence du Seigneur.